De la boue vers la lumière avec trois maternelles à la clé
Un début d’été 2019 plein de promesses !
En juin nous avons appris que la Fondation Air France nous faisait confiance pour la deuxième fois. Une aide de 20000€ nous était allouée ! Une bonne nouvelle qui nous aida à passer un excellent été ?. Cela représente en effet les deux tiers des fonds nécessaires à la construction de trois maternelles. Car les trois villages de Boré, Djapk et Kona accueillent encore leurs tout-petits dans des apatames, des abris sommaires qu’il faut reconstruire chaque année et sont incompatibles avec un enseignement de qualité.
La deuxième promesse était le projet d’une pousseuse de réunir des coureurs pour lever des fonds et financer des plaques solaires pour l’école de Kona. La particularité de leur course était qu’ils courraient… dans la boue.
Les constructions
Dans chaque village, une équipe, sous la responsabilité du chef du CVD*, se met en place. L’équipe est chargée d’organiser la corvée d’eau, la fouille (creusement pour les fondations), la collecte du gravier et le remblai. Cette participation villageoise est très importante. Financièrement cela réduit le coût de construction mais aussi, cela participe à l’appropriation des bâtiments par les villageois : ce ne sont pas seulement les «Yovos »** qui les ont construits, mais eux aussi ont mis la main à la pâte.
La préparation des fondations implique en général toute la population. Les constructions ne peuvent se faire que lorsque les hommes ne sont pas occupés par les travaux des champs. Les femmes font leur part également car il faut aller chercher l’eau, transporter les graviers, apporter les repas… Ce ne sont jamais les dernières, comme toujours en Afrique, à fournir leur part de travail.
Les fermes sont hissées sur les bâtiments à force d’homme. Pas de grue dans les villages. Il suffit d’ailleurs de regarder notre chef de travaux pour constater qu’il faut de gros biscotos dans ce métier, là encore plus qu’ailleurs ?.
Les fermes sont hissées sur les bâtiments à force d’homme. Pas de grue dLa maternelle de Djapak est ici presque terminée tout comme celles de Boré et de Kona. La maternelle existante de Djapak ressemblait à celle de Boré, on peut voir sa photo au début du billet.
Pas très glamour mais indispensable à tout bâtiment scolaire : les latrines. Pousseurs, si vous êtes à table quand vous nous lisez, désolée, mais il faut bien en parler !
Nous construisons des latrines sans eau, des écosan qui sont plus hygiéniques et convertissent en engrais les déjections humaines. Pour les maternelles, y sont ajouté une douche (sans eau courante, ne rêvons pas !). Dans les classes primaires et les collèges, on construit des latrines séparées pour filles et garçons. Important aussi, de penser à des petits détails pratiques comme des porte-manteaux chez les filles afin d’y accrocher leur pagne pour se changer lors de leurs règles. Si on veut que les filles ne soient pas gênées et viennent à l’école sans avoir à se soucier de problèmes pratiques, il faut y penser.
Avec la construction des ces trois maternelles, nous fermons la boucle et concrétisons l’un de nos objectifs : tous les villages du Plateau sont maintenant dotés d’infrastructures en dur leur permettant d’accueillir les enfants de la maternelle au collège. Bien sûr, nous allons continuer à les accompagner mais cet accompagnement demande un investissement financier beaucoup moins lourd. Alors pourquoi pas songer à démarrer d’autres projets dans un nouveau village ?
Nous verrons cela à notre prochain voyage à la fin du mois.
La boue vers la lumière
C’est l’histoire d’une pousseuse généreuse qui suit notre action depuis quelques temps. Alors un jour elle décide d’agir et d’organiser une levée de fonds. L’idée est de collecter pour financer des plaques solaires pour l’école dans le village de Kona. Nous venons d’y construire un école primaire et une maternelle est presque terminée. Plus modeste, certes, que le financement de bâtiments mais tout aussi indispensable pour les écoliers. Rappelons que la seule lumière du village après le coucher du soleil est, actuellement, celle dispensée par les feux de cuisine disséminés dans la Savane. Après 18h il fait nuit noire. Pas de lumière, c’est l’impossibilité d’étudier le soir, de faire des cours supplémentaires, de recharger son portable…
Pour joindre l’utile à l’agréable (!) notre pousseuse, qui s’appelle Juliette, convainc trois compères d’aller patauger avec elle à la Mud Day Swiss, une course d’obstacle dans la boue. Le team Mud4light (bien trouvé ce nom, n’est-ce-pas ?) est formé ! La course a lieu le 21 septembre dans le magnifique paysage vaudois à quelques encablures du lac Léman.
« Un parcours de 13km avec 22 obstacles et de l’eau, de la glace et de la sueur. Pas de chocolat fin au menu mais bien une boue délicieusement épaisse et surtout la fierté immense de franchir la ligne d’arrivée seul ou en équipe ». En bref : dépasser ses limites dans un esprit fun !
Cela vous tente ? Tapez Mud Race dans votre moteur de recherche et foncez ?.
Pour être bien certaine que ses proches, relations de travail et son entreprise soient sensibilisés à la cause qu’elle soutient, Juliette, aidée de quelques amis, organise des randos pendant l’été. Double résultat : en plus du fun des expéditions, elle s’entraine pour la course et collecte là aussi quelques espèces sonnantes et trébuchantes pour son projet.
Après la course, notre pousseuse, qui a réussi à sensibiliser son entreprise à notre cause, a une excellente surprise : BD Europe lui fait un joli don correspondant au montant de ce que Mud4light a collecté au sein de l’entreprise. Magnifique !
Juliette et ses amis, avec la dotation de BD, ont recueilli au total 3500€. Une somme qui va définitivement faire briller la lumière dans la Savane !
Mille mercis à BD et à Juliette et son équipe (Nadine, Sabine et Charles) de cette lumière apportée à nos petits écoliers de Kona.
À bientôt…