Les résultats 

Nos petits collégiens togolais ont passé début juin l’équivalent de notre brevet des collèges et nous avons déjà les résultats. Mais quel suspense pour nous ! Nous attendions comme des parents anxieux après les examens de nos chères têtes blondes, (en l’espèce les têtes étaient plutôt noires mais l’anxiété était la même). Pour mieux comprendre cette angoisse, il faut vous rappeler que nous avions reçu les résultats de 2018 comme une douche froide : seulement 33% de réussite alors que la moyenne nationale du brevet était à plus de 50% (dans le billet de novembre 2018, nous en avions brièvement évoqué le sujet). Quelle déception, alors : un beau collège tout neuf et de si piètres résultats ! 

Une analyse de ces bons résultats
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Que s’est -il donc passé entre juin 2018 et juin 2019 ? Avec Didier et surtout Augustin* nous avons fait une analyse de cet échec l’année dernière : pourquoi ces piètres résultats avec un collège bien équipé et tout neuf ? Et nous avons découvert que les élèves n’avaient tout simplement pas le niveau, principalement parce qu’ils avaient de très grosses difficultés en lecture, rendant impossible toute progression. La classe de troisième cristallisait en fait des lacunes considérables qui n’avaient fait que s’accumuler au fil des années depuis le cycle primaire. 

* Nous vous avons déjà parlé d’Augustin ? Non ? Alors en bref : Augustin a une formation de professeur d’histoire-géographie, il est notre directeur des études coup de pousse sur place et il est le bras droit de Didier.

La classe de troisième à l’issue des cette journée de distribution qui s’est passée dans la joie et… sous la pluie !

Devant cet état de fait les grandes manœuvres et des mesures énergiques s’imposaient. Nous avions la chance de pouvoir nous appuyer sur un directeur nouvellement nommé, une équipe pédagogique avec quelques lacunes mais très motivée et sur Augustin qui a sans relâche suivi les efforts des élèves, des profs et a été nos yeux et nos oreilles pendant cette année scolaire. 

Ce même Augustin analyse ainsi les résultats et nous avance quelques raisons de notre succès cet année :

  1. Les infrastructures et l’environnement du travail. Le CEG est construit dans un endroit calme, propice au travail (toutefois c’était déjà le cas pour 2008) ;
  2.  Le sérieux dans le travail effectué et des professeurs motivés. Les  classes sont bien tenues, cahiers de textes à jour et programmes scolaires suivis correctement ;
  3. Des travaux dirigés et un soutien régulier fait deux mois avant les examens ;
  4. La distribution d’un kit « spécial examen » comme motivation de dernière minute. Nos candidats allaient à l’examen avec moins de soucis en tête. Nous vous rappelons qu’il s’agit d’une population très pauvre et que l’alimentation représente un énorme partie du budget des familles  ;
  5. Un tri plus sévère en fin de quatrième. Suite aux résultats jugés insuffisants en juin 2018, Augustin avait exigé du nouveau directeur qu’il ne fasse passer en troisième uniquement les élèves ayant obtenu la moyenne de 10/20. Ce fut un facteur déterminant quant à notre taux de réussite. Nous avons en effet découvert qu’à tous les niveaux, ce tri en fin d’année est parfois très laxiste : on fait passer en sixième des élèves qui ne savent pas lire (en France aussi, me direz-vous mais au moins sur le Plateau nous pouvons essayer d’agir et ne pas renouveler ces erreurs). En exigeant plus de rigueur dans toute la chaîne éducative, nous pourrons donc améliorer le niveau général.
  6. Ajouté à cela le fait que avons organisé en cours d’année un stage de formation des profs pour inculquer certain principes fondamentaux éducatifs : plus de pédagogie et moins de punition. Et puis, et puis… il y eu l’énorme motivation pour les candidats de la promesse du vélo. Nous avions en effet promis de donner un vélo, un énorme cadeau là-bas, à chaque élève qui aurait son brevet. Une belle motivation. Croyez-moi Didier et Augustin n’ont jamais été si heureux d’avoir à convoyer 23 vélos sur le Plateau !

À nous maintenant de tirer les leçons de tout cela et d’installer de façon pérenne ces bonnes pratiques.

Le dernier billet finissait par la photo ci-dessus. Alors qu’est donc que ce joli petit sac ? Qui a trouvé ? La réponse est… une trousse premières règles. Le sujet de l’hygiène féminine est en effet un sujet important auquel nous voulions nous attaquer. Ce n’est que retardé à cause de le l’annulation de notre dernier voyage (grrrr ! c’est quand même rageant, tout était prêt).
L’hygiène est en effet un des obstacles majeurs de l’éducation des jeune filles en Afrique. On tombe de sa chaise et on est révolté lorsqu’on apprend cela mais cela s’explique facilement. Les deux raisons principales sont l’absence de produits d’hygiène et le manque de sanitaires dans les écoles pour que les filles puissent se changer dans le respect de leur intimité. Dans les écoles construites par coup de pousse ce dernier problème n’existe pas car nous construisons chaque fois des latrines et elles ne sont jamais mixtes. Il reste donc à nous attaquer au problème du manque de produits d’hygiène. Cette jolie petite trousse fait partie de la solution proposée.
On vous en reparle bientôt ! Car, oui maintenant que nous avons soulevé le voile, pas question de lâcher le sujet. Mais pour l’instant, c’est la pause estivale.

 En attendant donc, bon été à tous et à bientôt !

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